Une vie toute neuve

Publié le par cameophilie

Diaphana Films

Sur un sujet pouvant susciter l’émotion facile et tire-larmes : l’abandon d’une fillette par sa famille et son placement en orphelinat en attente d’une future adoption, Ounie Lecomte réalise un premier long-métrage extrêmement sensible et délicat sans jamais verser dans le pathos.

Probablement parce que Une vie toute neuve s’inspire directement des souvenirs personnels, douloureux et traumatiques, de la cinéaste. Ensuite parce qu’elle adopte le point de vue de sa petite héroïne de neuf ans, Jinhee, désarçonnée par la décision de son père et résistant, par son mutisme, son isolement initial et son caractère têtu, à la marche des événements qui va la conduire inexorablement à une nouvelle existence. Un parti pris constatable dans la volonté évidente de ne pas filmer frontalement le père de Jinhee, comme si celui-ci était déjà effacé de sa vie. Dans une Corée rurale, pendant les années 70, l’orphelinat tenu par des sœurs catholiques semble un havre de tranquillité où les petites pensionnaires, orphelines ou abandonnées dans l’espoir d’un avenir plus souriant, sont plutôt bien traitées : correctement nourries et éduquées, elles sont en fait préparées pour susciter la compassion et l’intérêt des visiteurs étrangers.

Le charme de Une vie toute neuve trouve principalement son origine dans la qualité d’interprétation des adorables petites comédiennes, capables d’exprimer toute une palette d’émotions. Resserré sur l’orphelinat, le film déjoue les prévisions en n’alourdissant jamais le trait. Le plus bel exemple en est cette scène de repentir de la part d’une pensionnaire de longue date, légèrement infirme, qui se transforme en une cascade de rires libérateurs.

Certes, les bons sentiments et le happy end sont au rendez-vous. Mais on goûte assez à ce moment émouvant où une petite fille arrivant sur le sol français lève les yeux pour affronter gaillardement sa vie toute neuve. Simple et déchirant, Une vie toute neuve est aussi remarquable par l’épure de son traitement et qui, en plaçant le spectateur à hauteur de cette petite fille en attente et en reconstruction, sait mieux que de lourdes démonstrations nous faire partager sa détresse et son incompréhension.  



Publié dans Aimable

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